De son coté, Maître Pommpy savait que les rêveries perpétuelles de
Zayantse ne pouvaient que gâcher son potentiel prometteur. Elle décida
donc de l’envoyer nager tous les jours dans la rivière du Yuukan. « La
force du courant nécéssite de l’effort ET de l’attention. Pas de
rêveries, au risque d’être emportée … Peut être prendra-t-elle goût aux
bénéfices de la discipline ? » Pensait-elle. Plongée malgré tout dans
des pensées fantaisistes, Zayantse se plia aux injonctions de la
sagesse. Elle allait donc nager tous les jours dans la rivière …
Jusqu'au
jour où quatre shinobis de Chikara, le village ennemi du Désert, qui avaient repérés ce petit ballet
journalier, venaient eux aussi depuis trois jours, non pour nager mais
pour profiter des courbes de Zayantse. C'est alors que, fascinée par la
forme d’un nuage, celle-ci glissa sur une de ces pierres humides et
mousseuses qui jonchent la rivière. L’un des shinobis voyeurs ne put
s’empêcher de rire à la vue de cette chute aussi spectaculaire que
ridicule. Si sûr de leur supériorité à la fois physique et numérique,
le regard surpris et plein de colère de Zayantse ne leur inspira que
moqueries. Sous l’effet de cette colère grandissante, le Kurai sombre
se mit a bruler sa peau. Cette douleur inconnue inonda son corps pour
soudain se transformer en une froideur précise et macabre, balayant
toute sa colère et même toute émotion... elle allait les tuer. D’une
dextérité qu’elle ne se connaissait pas elle-même, elle se jeta sur le
premier des shinobis et, avec son propre sabre, lui trancha et la gorge
et le bras. Sans même regarder, elle lança le sabre vengeur qui vint
perforer l’abdomen du second shinobi, l’épinglant à l’arbre qui se
trouvait derrière comme un vulgaire insecte. Pas encore mort, il put
voir le sort réservé au troisième et dernier shinobi... Sans la moindre
émotion sur son visage, elle revint vers lui et, sans qu'il eût le
temps de gémir, elle lui arracha un œil, puis l'autre. Alors qu'il
hurlait de douleur, elle le fit taire en assénant un coup parfaitement
dosé sur sa trachée pour lui dire : « Brûle l’extrémité de ton bras si
tu veux vivre... Moi, je ne te tuerai pas. Et si tu arrives à ramper
jusqu'à Chikara, raconte à qui veut l’entendre que tu es et resteras le
seul survivant qui a vu Zayantse nue à son insu. Maintenant, Fuis. » Se
retournant vers le dernier intrus encore vivant, elle s’approcha
doucement en regardant fixement ses yeux agonisants et d’un coup de
poing d’une violence rare lui fit exploser le thorax. Puis elle
s’écroula, quasiment morte...
Pommpy, voyant Zayantse baigner dans le
sang qui commençait déjà à noircir, crût que sa jeune élève était
morte. Elle se jura de retrouver ses assassins et de leurs faire payer
cet affront supplémentaire aux MMM. Elle s’apprêtait à ramasser le
corps sans vie pour le ramener à ses frères lorsqu’elle sentit un
battement de coeur. Il fallut tout son talent de Maître et sa science
des plantes médicinales pour insuffler à Zayantse la force qui allait
lui permettre de survivre jusqu’à l’hôpital de Gensou. Aussi étrange et
improbable que cela puisse paraître, celle qui n’était qu’une enfant
rêveuse et naïve était devenue une arme terriblement efficace, une
ombre que l’on ne voit que trop tard : Un assassin...
De son coté,
Siddartha, voyant son frère et sa soeur partir pour progresser, demanda
à son Senseï s'il allait pouvoir devenir lui aussi un grand Ninja.
Amusé, Chiepoo lui répondit:
- "Il est temps pour toi de connaitre le passé de ton Clan. Suis moi..."
La
marche fût longue et pénible mais, alors qu'un nouveau jour venait de
se terminer, il arrivèrent devant une grotte bouchée par des rochers.
En s'approchant, Siddatha vit une marque sur la roche et, sur les
conseils de Chiepoo, y emboita son médaillon.
Dans un grondement qui
semblait provenir des entrailles de la terre, les rochers s'écartèrent
progressivement, laissant libre l'entrée du repaire...
- "Tu dois apprendre seul, dit le Senseï. Va, je t'attend."
Déterminé, Siddartha demanda: "Et si j'échoue?..."
- "Tu mourras..."
Un silence s'ensuivit, pendant lequel le Maître et l'Elève se regardèrent comme pour se dire adieu, ou bonne chance.
Puis il entra.
...